TI
Lung (DI Long)-acteur
(ne en 1946 dans le Guangdong) : Sil est une figure emblematique
de la Shaw Brothers, cest bel et bien Ti Lung. Sa carriere
au sein de la mythique compagnie de Clearwater Bay setend
sur une quinzaine dannees, periode durant laquelle Ti
Lung a tourne avec les plus grands realisateurs du cinema darts
martiaux, a lexception (mais quelle exception!) du plus
grand dentre eux, a savoir Liu Chia-liang. Car pour nombre
de realisateurs comme de spectateurs, Ti Lung incarne lideal
chevaleresque par excellence.
De constitution plutot robuste (pour un asiatique), son visage
inspire noblesse, courage, humilite et loyaute. A ces considerations
physiques sajoute egalement une certaine maitrise technique
en arts martiaux. Car lorsquil debarque, vers la fin des
annees 60, a lecole dacteurs de la Shaw Brothers
pour y parfaire son jeu de comedien et son kung-fu, Ti Lung,
sans pour autant etre un expert, possede deja une solide experience
en arts martiaux. Un fait rarissime a lepoque ! Puis,
tournant continuellement des films de kung fu, sa technique
continuera de sameliorer au contact des directeurs de
combats, notamment Tang Chia et Liu Chia-liang. En guise dessai, Chang Cheh lui confie
un petit role dans The Return of the one-armed Swordsman (1969). Examen de passage
apparemment reussi puisque lannee suivante, la grande
star Wang Yu quittant Chang Cheh et la Shaw Brothers
pour
la Golden Harvest, Chang Cheh fait appel a Ti Lung pour en faire
une de ses nouvelles stars. Mais sa gloire, Ti Lung doit la
partager avec David Chiang, avec lequel desormais, et ce trois
ans durant, Chang Cheh va quasi systematiquement lassocier.
Ensemble, Ti Lung et David Chiang (rejoints a partir de 1972
par un troisieme larron, Chen Kuan-tai) tournent des wu
xia pian, tels que Vengeance
(1970) ou The new one-armed Swordsman (1971), qui vont litteralement truster
les premieres places du box-office hong-kongais. Cette hegemonie
est serieusement ebranlee par Bruce
Lee et son Big Boss (1971), dont le succes donne
soudainement au cinema de Chang Cheh un aspect retrograde.
En guise de contre-attaque, Chang Cheh et son directeur
de combats Liu Chia-liang lancent la vague du film de kung-fu
Shaolin, avec ses combats a mains nues et ses histoires inspirees
des legendes du Temple de Shaolin. Le duo Ti Lung-David Chiang
est alors ecarte au profit du trio Chen Kuan-tai-Fu Sheng-Chi
Kuan-chun, et ce jusquen 1975 et Five Shaolin Masters, qui reunit Ti
Lung, David Chiang, Chen Kuan-tai et Chi Kuan-chun. Il sagit
la dun des tout derniers roles de Ti Lung pour Chang Cheh.
Ayant consommé sa rupture avec Liu Chia-liang, Chang
Cheh se met alors en tete de lancer une nouvelle generation
dacteurs (Kuo Chui, Lo Mang, Chiang Sheng, Sun Chien,
et Lu Feng, les Five Venoms) qui se reveleront au
final tout a fait quelconque. Ti Lung, quant a lui, continue
sa carriere sous les auspices dun autre auteur majeur
du cinema darts martiaux, Chu Yuan (le chef de gang de
Police Story (1985)), dont
il devient vite lacteur fetiche. Contrairement a Chang
Cheh, Chu Yuan accorde une importance particulierement importante
a ses scenario. Les films quil tourne avec Ti Lung, le plus souvent
adaptations de romans darts martiaux de Gu Long, proposent
donc une intrigue plus poussee (voire complexe) que dans un
wu xia pian ordinaire.
Ainsi, a une heure ou le wu xia pian est plus que jamais passé de mode, Chu Yuan et Ti Lung
engendrent des oeuvres qui, comme Jade Tiger (1976) ou Magic
Blade (1976), prouvent que le genre est encore loin
davoir dit son dernier mot.
Par
la suite, en alternance avec Chu Yuan, Ti Lung tourne pour un
autre cineaste remarquable du wu
xia pian, Sun Chung. La meilleure collaboration entre Ti
Lung et Sun Chung demeure The
avenging Eagle (1978). Mais a la longue, cette omnipresence
de Ti Lung dans les wu
xia pian de la Shaw Brothers finit par rendre ce dernier
prisonnier dun genre et dune compagnie. Dans lincapacite
de se renouveler, mais egalement vieillissant, Ti Lung voit
en 1984 sa carriere sombrer en meme temps que les studios Shaw
Brothers.
Cest
John Woo, ancien assistant de Chang Cheh sur The
Boxer from Shantung (1972) et Blood Brothers (1973), qui la renfloue
en 1986 avec A better Tomorrow. Mais,
burine et legerement degarni, sa performance fait quelque peu
pale figure comparee a celle haute en couleurs de Chow
Yun-fat.
Neanmoins, le film de John Woo relance la carriere dun Ti Lung que lon
va dorenavant voir ici et la dans des seconds roles ou meme
de simples apparitions, comme ce sera le cas dans Tiger
on the Beat (1988), ou Ti Lung tourne enfin (mais trop
tardivement) pour Liu Chia-liang. Quelques annees plus tard, celui-ci lui donne enfin un vrai role, celui
du pere de Huang Feihong (Wong Fei-hung en cantonais), ce dernier
interprete par Jackie Chan, dans Drunken Master 2 (1994). Perruque et
maquille, il incarne un Huang Qiying (un des 10 Tigres
du Guangdong, a ne pas confondre avec les 10 Tigres
de Shaolin, leurs predecesseurs) sage, bon, et autoritaire,
livrant ainsi ce qui constitue sans aucun doute la meilleure
interpretation a ce jour de la figure paternelle de Huang Feihong.
Article de Danguyen
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