The valiant Ones
(Pirates et Guerriers), de King Hu ;
Avec Roy Chiao, Pai Ying et Xu Feng (1975) :
Au XIIIe siecle, sous
la dynastie Ming, des pirates japonais ne cessent de piller et
de ravager la cote chinoise. Desempare, l'Empereur envoie aupres
du gouverneur de la province harcelee une poignee de guerriers
(menes par Roy Chiao, Pai Ying et Xu Feng) charges de mettre fin
aux agissements des pirates. Il faudra a ces guerriers autant
de ruse que de dexterite martiale pour venir a bout de ces pirates.
Si A Touch of Zen
(1970) met un peu de temps a demarrer ou si Raining in the
Mountain (1978) se montre tres pauvre en arts martiaux,
The valiant Ones est sans aucun doute l'oeuvre de
King Hu la plus riche en termes de combats au sabre. Presents
des premiers instants jusqu'a la toute fin, ceux-ci sont tout
simplement epoustouflants, diriges de main de maitre par Han Ying-chieh,
filmes par un King
Hu plus etourdissant que jamais.
Mais nous parlons ici d'un film de King
Hu, auteur qui peut se montrer tout a la fois belliqueux et
poetique, comme lorsqu'il nous revele la splendeur de la Mer de
Chine, au detour de quelques plans eblouissants. Le style King
Hu, on le retrouve egalement dans la musique et surtout dans
la narration, tout droit heritees de l'Opera de Beijing : intrigues,
complots, traquenards, trahisons, rebondissements.du veritable
opera en plein air !
Bien
sur, egalement, qui dit King
Hu dit distribution remarquable. Et The valiant Ones
n'echappe pas a la regle, bien au contraire. Le chef des guerriers
a ainsi pour traits ceux de Roy Chiao, interpretant de facon on
ne peut plus juste un colonel imposant, ruse, brave et respectueux
de la hierarchie.
Dans le role d'un sabreur invincible, on decouvre l'etonnant Pai
Ying, acteur peu connu et donc grosse surprise du film, qui impressionne
par sa technique et par son aura, donnant tres souvent l'etrange
sensation d'etre le grand frere cache de Chow
Yun-fat.
Mais bien evidemment, "la" grande attraction de The
valiant Ones n'est autre que la sublime Xu Feng. Bien que tres
presente a l'ecran (malgre sa troisieme position au generique),
on pourra tout de meme trouver que ses scenes demeurent encore
trop peu nombreuses. Discrete (elle ne prononce son premier mot
qu'apres 45 minutes!), la quantite de ses combats est legerement
insuffisante, en raison sans doute de son inexperience en arts
martiaux. Cependant, ses films sont tellement rares qu'on aurait
tord de faire la fine bouche.
Meme les seconds roles sont parfaits. A tout seigneur tout honneur,
Han Ying-chieh (le "big boss" de Big Boss
(1971)), directeur de combats attitre de King Hu, y interprete
comme a l'accoutumee un mechant. Son combat final permet d'apprecier
le style acrobatique de ce representant de la boxe du Nord.
Autre
homme de l'ombre (mais bel et bien essentiel) du cinema hong-kongais,
Yuen Hsiao-tien (le "drunken master" de Drunken
Master (1978)), qui nous joue un moine bouddhiste double
d'un redoutable archer. On y remarque meme, au cours d'un des
duels, un jeune Yuen Biao (Dreadnaught (1981)) encore debutant
!
Enfin le role du chef japonais des pirates est tenu par un certain
Samo Hung (!), qui heureusement nous fait ici grace de son humour
prepubere.
Magie du cinema de King
Hu, sa mise en scene parvient a nous faire oublier la lourdeur
physique du personnage.
Mais ce qu'il y a de plus
etonnant avec The valiant Ones, c'est que, vingt-cinq
ans apres sa realisation, malgre des Once upon a Time in
China (1991) et autres Crouching Tiger, Hidden Dragon
(2000), le film de King
Hu n'a rien perdu de sa force et qu'il peut encore enchanter
n'importe quel fan du genre, meme le plus blasé. Mais qu'attendent
donc Christophe Gans et HK Video pour enfin sortir une serie consacree
a King Hu, le
plus grand cineaste chinois?
|